Décidément, nos journalistes ne savent pas lire entre les lignes des discours. Au lendemain du discours du Premier ministre Sellal avertissant les chaînes de télévision privées de fermeture si elles ne se conformaient pas à la réglementation, les journaux se sont hâtés pour mettre à la Une, la fermeture d'une cinquantaine de chaînes algériennes. D'abord, il faut faire la différence entre les chaînes de publicité, qui n'ont pas d'existence matérielle et administrative en Algérie et qui sont commandées à travers un micro-ordinateur et celles qui possèdent des employés et des bureaux en Algérie. Celles-là même ne dépassent pas la vingtaine alors que d'autres ont des journaux et donc une administration.
Les journalistes sortent avec des ordres de mission signés par des rédacteurs en chef de la presse écrite. En tout cas il est très difficile de fermer 50 chaînes de télévision et même si c'était le cas, on offrirait une image pâteuse du pays. Déjà, la directive du Premier ministre Abdelmalek Sellal concernant le champ audiovisuel privé commence à être appliquée sur le terrain. Hier matin à l'hôtel El Aurassi, lors de l'ouverture du Forum d'affaires algéro-européen sur l'énergie, en présence du ministre de l'Energie, Salah Khebri, seules quatre chaînes privées étaient autorisées à entrer dans la salle pour enregistrer la conférence et faire un sujet sur cet événement économique. Les chaînes qui ont été autorisées sont Ennahar TV, Dzair TV, El Djazairia TV et Echourouk TV. Les autres chaînes qui n'ont pas d'autorisation du ministère de la Communication, leurs représentants n'ont pas été autorisés à entrer dans la salle.
Cette situation compliquée et nouvelle pour les journalistes des autres chaînes privées risque de dégénérer et pousser au chômage de nombreux techniciens et journalistes à quelques jours du Ramadhan. Les directeurs des chaînes non accréditées comme Numidia News, Beur TV, El Bilad et autres devraient régulariser leurs situations administratives pour s'assurer un avenir dans le paysage audiovisuel et médiatique algérien et surtout rassurer leurs employés. Cette situation ne peut pas continuer si l'Autorité de régulation n'est pas encore installée. Il y a plus d'une année, on avait désigné Miloud Chorfi, sans pour autant lui désigner le reste des membres, et surtout accorder un décret qui validerait la nomination. Une année après, Miloud Chorfi est nommé dans le tiers présidentiel au Conseil de la Nation, laissant l'Autorité sans gouvernail. La venue de l'affaire El Khabar, doublée de la chaîne TV KBC, a poussé le Premier ministre à accélérer la régulation du secteur sans pour autant installer une autorité. La situation est compliquée mais pas désespérée.